mardi 30 décembre 2008

C'est la crise (de la culture)

Il est sûr que le petit air de la crise aura bon dos lorsqu’il s’agira de tailler sévèrement dans les budgets de la culture. qobuz.com rappelle à juste titre qu’en Italie, le serrage de ceinture avait commencé bien avant le krach des places financières. Aujourd’hui, la rumeur voudrait que près d’un milliard de dollars consacré à la culture disparaissent du budget du gouvernement italien dans les trois prochaines années. Selon Silvio Berlusconi, l’existence, sinon la subsistance de chaque théâtre, de chaque musée et autres sites archéologiques serait un « luxe », c’est le mot du premier ministre italien. Premières visées, les maisons d’opéras. L’Italie comporte quatorze établissements lyriques, trois d’entre eux, Gênes, Naples, et Vérone sont au bord du dépôt de bilan. « Les théâtres vont devoir trancher, estime Sandro Malatesta, trompettiste à la Scala, et patron surtout, du syndicat le plus puissant de la maison milanaise. Trancher, c’est-à-dire continuer à payer les salaires et réduire le budget des productions. Ou bien licencier et produire moins d’opéras… disons… grandioses. »

Passons les Alpes, et retour en France. « La question de la suppression du ministère de la Culture peut se poser ». Déclaration qui devrait faire des vagues, surtout quand elle est signée d’un ancien locataire de la rue de Valois. Dans les colonnes du Monde daté de ce jour, Jean-Jacques Aillagon estime « qu’aucun autre ministère n’est obsédé par sa propre existence, au point d’être devenu une machine à communiquer. Hypertrophie du discours cultivant l’illusion que le ministère de la Culture peut et doit tout faire, poursuit l'ex-ministre, mais la réalité est bien différente. La question de la suppression de ce ministère est politiquement taboue, mais elle peut se poser » conclut donc celui qui règne actuellement sur le château et les jardins de Versailles. Notez que par les temps politiques qui courent, l’on ne saurait tenir meilleur discours pour postuler, précisément, à ce maroquin si menacé mais tant convoité. C’est cynique, mais ça marche toujours. Et pendant ce temps, à Versailles, justement, rien ne va plus, les princes de sang bleu voient rouge, Jeff Koons est prolongé, on fait du business, c’est la crise…

(France Musique, 30 décembre 2008)

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