mercredi 24 décembre 2008

Pas de scandale (2)


Pas de scandale, vous disais-je hier, à la Scala de Milan, devrais-je préciser juste un tout petit scandale qui suffit pourtant à échauffer les gazettes italiennes, sans discontinuer, depuis dimanche. Hier encore une page entière dans La Reppublica, « Il day after della Scala », "le jour d’après la Scala", sans doute ne fit-on pas titre plus sensationnel au lendemain de l’élection de Barack Obama. Pour ceux qui auraient manqué l’épisode précédent, je résume, donc. Un ténor, Giuseppe Filianoti, rien moins que le rôle-titre de ce Don Carlo d’ouverture de saison, fut évincé au lendemain de la générale, au prétexte qu’il n’était pas du tout, mais alors pas du tout en voix. Remplacé, au pied levé, par l’Américain Stuart Neill, oui mais voilà, ainsi que le note Jean Cabourg sur forumopera.com, le dit Stuart Neil fut juste « pitoyable ». "Povera Scala, pauvre Scala où l’on assista dimanche soir à « l’effondrement du chant verdien". Oserais-je ajouter, au risque de mal me faire voir, que le valeureux remplaçant n’avait pas non plus tout à fait le physique idéal d’un Carlo, que ses contemporains ont plutôt peint malingre et souffreteux. La faute à personne, mais la télévision et ses gros plans sont cruels. Attention, cependant, qu’à l’opéra, et dans la musique classique en général, le physique, le look ne l’emportent aujourd’hui sur tout autre considération artistique. C’est le coup de gueule ce mois-ci, du chef, Donald Runnicles, dans les colonnes de BBC Music. Pour mémoire, la fameuse affaire Deborah Voight, évincée, vous le savez, de la scène du Covent Garden, c’était en 2004. Le metteur en scène n’avait pas apprécié l’embonpoint généreux de la chanteuse. "Attention, prévient Runnicles, de ne pas jeter les divas avec l’eau du bain. Les déhanchés avantageux de quelques jeunes et jolies violonistes serviraient-ils mieux la cause de Beethoven ? Assurément pas."

Pendant ce temps, Broadway prépare sa rentrée théâtrale. A l’affiche, au mois de mars, une pièce, intitulée 33 Variations. Et pour percer le secret des Diabelli de Beethoven, qui donc, sur les planches, je vous le donne en mille. Une ex-Barbarella, l’inoxydable Jane Fonda, parce qu’elle le vaut bien et la cause de la musique sans doute un peu (avec) aussi…

(France Musique, 10 décembre 2008)
Portrait de Don Carlos d'Espagne (Sofonisba Anguissola, vers 1566. Huile sur toile. D.R.)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire